
Christian Louboutin, l’exhibition[niste]
Insolente, audacieuse, impertinente, époustouflante… je ne sais comment qualifier l’exposition de Christian Louboutin, l’exhibition[niste] au Palais de la Porte Dorée à Paris. Figure incontournable du monde de la mode, l’exposition retrace 30 ans de création et de génie. L’artiste imagine, dessine et crée non pas des chaussures, mais des souliers.

Tout à commencer par un croquis avec un soulier barré, aperçu au Palais de la Porte Dorée, dans les années 70. À l’époque, le bonbout des talons (dernière épaisseur du talon qui sert de couche d’usure en contact avec le sol) était en métal et risquait de rayer les parquets du Palais de la Porte Dorée. Cette image est restée gravée dans sa mémoire et est devenue l’essence même de son inspiration. Il sera d’ailleurs le symbole du soulier Pigalle, un de ses souliers les plus iconiques.

Christian Louboutin, c’est d’abord une marque de fabrique singulière, une griffe reconnaissable dans le monde entier : la célèbre semelle rouge.
« La semelle rouge symbolise la flamme qui embrase toutes les collections Louboutin. Elle représente le danger. La passion. L’amour. L’aventure. Le sexe. La séduction. L’interdit. Tel un clair-obscur, la semelle rouge confère profondeur, volume et théâtralité à chaque modèle. »
Alicia Drake, écrivain
L’histoire qui se cache derrière ce symbole date de 1992. Alors que Christian Louboutin peaufine le modèle Pensée (des babies en satin de soie avec une grande corolle sur le côté) et le fait essayer à une mannequin, quelque chose lui déplaît : l’abondance de la couleur noire. Christian se retourne alors vers son assistante qui était en train de se vernir les ongles d’un rouge vif. Il s’empare du vernis et commença à peindre la semelle. Ainsi, Christian Louboutin donne une touche magique à son soulier, et la semelle rouge naît. C’est la révélation.
La magie chez Christian Louboutin, s’opère aussi grâce à l’ombre du soulier. En effet, l’artiste explique qu’un soulier a plusieurs tailles et la gradation n’est pas dans que dans un un sens, mais dans tous les sens. Un soulier de la taille 34, qui est une petite taille, à la taille 45, qui est une grande taille, doit avoir si on le projette, l’exacte même ombre.

Les souliers, véritables oeuvres d’art, transcrivent l’amour inconditionnel de Christian Louboutin pour les arts décoratifs, l’architecture, les voyages, le cinéma ou encore pour le monde du spectacle et de la danse.
Lorsque l’on vogue entre les différents tableaux de cette exposition, Louboutin nous donne une leçon de cambrure, en 5 temps.
Premier temps, la couleur rouge, comme évoqué plus haut.
Second temps, le travail de la peau.

Christian Louboutin décline des teintes couleur nude. C’est ainsi que naît la collection « Nudes » en 2012, une palette de différentes carnations. L’artiste planche au fur et à mesure sur d’autres tons pour élargir le nuancier.

Troisième temps, la danse.
Aux prémices de sa carrière, Christian Louboutin a commencé comme stagiaire aux Folies-Bergères, et griffonnait quelques souliers sur son temps libre. Jusqu’au jour où il imagina des souliers pour le Moulin Rouge ou des tableaux pour la revue « Feu » du Crazy Horse. Pensés pour être la touche finale, les souliers Louboutin soulignent une cambrure, définissent une posture et impriment un rythme. Dita Von Teese, reine du burlesque et amie chère de Christian Louboutin, l’a bien compris. Le soulier Louboutin sur scène devient l’accessoire support de son interprétation, ravivant la beauté de la silhouette de Dita Von Teese.

Quatrième temps : les clous fétiches.
Christian Louboutin décide de jouer du culte du fétichisme en inversant les rôles. Le sentiment de la femme-objet dépeint par le photographe Pierre Molinier est bafoué par l’imaginaire de Christian Louboutin.

Celui-ci place la femme, par la hauteur de ses talons, à la hauteur de l’homme. Les clous évoquent la souffrance pour être belle… mais Louboutin insiste sur le fait que l’on peut aussi faire souffrir en donnant un coup de pied.
« La femme devient maîtresse en étant maîtresse d’elle-même. »
Pierre Passebon, galeriste

Cinquième temps : la broderie mise à l’honneur.

François Lesage et Christian Louboutin s’unissent pour imaginer une chaussure royale en l’honneur d’une reine de France Marie Antoinette, connue pour son goût et son raffinement. Les deux artisans parent ledit soulier de ses plus beaux atours : un foisonnement de sequins de broderies de dentelles de rubans de velours.
Ce soulier devient alors une parure luxueuse déclinée en rose ballerine, jaune lumineux et bleu.

« L’univers de Christian Louboutin est fantastique car multifacette et imprégné des cultures du monde. Chaque vitrail a son identité, une vibration et une particularité, qui permet un voyage dans l’intimité de Christian Louboutin tout en révélant avec grâce sa lumière intérieure »
Emmanuelle Andrieux, maître verrier et cheffe de projet à la Maison du Vitrail, Paris
L’exposition Louboutin s’ouvre sur les huit vitraux dévoilant les motifs iconiques de l’univers de l’artiste.

LE SPECTACLE
Au centre du ce vitrail trône la cuissarde Lola Montès, hommage à la danseuse en veau velours et tulle, que Kylie Minogue a chaussée lors de sa tournée en 2019.

LA SEXUALITE
Ce vitrail présente la Ballerina Ultima, que Christian Louboutin a imaginé lors d’une collaboration avec le cinéaste David Lynch en 2007. Entre hédonisme et fétichisme, le soulier est fait pour ne pas marcher et incarne le fantasme.
Exposition « Christian Louboutin, L’Exhibition[niste]« ,du 16 juin 2020 jusqu’au 3 janvier 2021, Palais de la Porte Dorée, Paris 12. Plein tarif : 12 €. Réservation en ligne obligatoire.

